PHYTOTHERAPIE – LA PLUS ANCIENNE MÉDECINE DU MONDE
Les végétaux ont évolué en atteignant des niveaux croissants de complexité, depuis les premières algues il y a plus de 2 milliards d’années. Les plantes sont les premiers habitants de notre planète.
Pour se défendre de nombreuses agressions extérieures (rayonnement solaire, autres espèces végétales, puis animaux prédateurs), ces plantes ont été obligées de synthétiser différentes substances protectrices : antioxydants, antiseptiques contre les virus, les bactéries, les moisissures, etc. Ces substances appartiennent pour la plupart à la grande famille des polyphénols, qui comptent plusieurs dizaines de milliers de molécules différentes. Les polyphénols sont fabriqués par les plantes sous l’influence directe de leur environnement.
La phytothérapie, étymologiquement le traitement par les plantes, est une méthode thérapeutique qui utilise l’action des plantes médicinales. Elle est probablement la Médecine la plus ancienne. (Ce qui, à ce jour, paraît être le document le plus ancien témoignant de l’art de guérir, est la Pharmacopée sumérienne de Nippur datée de 2200 av. J.-C. mais certaines recherches menées par l’Université de Barcelone et l’Université de York au Royaume-Uni révèlent que l’homme de Neandertal aurait été capable d’utiliser les plantes de son environnement à des fins médicinales)
Depuis la nuit des temps, la première préoccupation de l’Homme fut de satisfaire ses besoins alimentaires. Puis, il dut lutter contre les maladies qui touchaient son corps. Par l’intuition, l’observation, l’expérimentation sur eux-mêmes ou sur des animaux, les hommes sélectionnèrent les végétaux utiles, ceux qui nourrissent, ceux qui soignent, ceux qui empoisonnent ou tuent et peuvent être utiles à la chasse ou à la guerre.
Ils arrivèrent, au fil des connaissances acquises, à améliorer l’efficacité de ces plantes par des préparations qui en diminuent leurs aspects défavorables comme leur nocivité ou leur goût et accroissent leur potentiel curatif.
En phytothérapie, on n’utilise pas une seule molécule, mais un ensemble de molécules. Ces molécules ne s’opposent pas dans leur action ; elles ont au contraire une action synergique. C’est à dire que l’efficacité thérapeutique de l’ensemble est plus efficace que l’activité thérapeutique de chaque composant pris isolément ; c’est ce que l’on peut appeler le Totum synergique. C’est alors comme si, l’ensemble des composants d’une plante médicinale tirait l’organisme vers un même objectif thérapeutique.
La science moderne vient quelques fois confirmer l’empirisme, il suffit de lui en donner l’opportunité. Les études pharmacologiques et les essais cliniques coûtent cher. Les plantes ne sont fort heureusement pas brevetables. L’industrie pharmaceutique, première source de financement de la recherche, ne manifeste pas, par conséquent, un engouement majeur dans ce domaine. Imaginez qu’un laboratoire dépense des millions d’euros pour démontrer l’innocuité et l’efficacité d’une plante. S’il ne peut pas déposer un brevet pour vendre la plante sans concurrence, ce n’est pas économiquement intéressant. S’il travaille sur une molécule chimique, il peut ensuite déposer un brevet afin de se garantir une exclusivité de plusieurs années. Pourtant les plantes médicinales, remèdes naturels sont bien souvent très efficaces avec moins d’effets secondaires reconnus que beaucoup de médicaments de synthèse.
Néanmoins, l’importante source d’innovations que représente la Phytothérapie, sans doute par l’engouement actuel de la population pour le « retour au naturel », et la volonté de sécuriser cette pratique, sont autant de raisons qui ont mené au retour de la thérapeutique par les plantes dans le cadre scientifique et législatif multidisciplinaire.
Il n’en reste pas moins que la phytothérapie tend à évoluer, tradition et progrès scientifique présentant un bénéfice réciproque. En intégrant les données ancestrales et au niveau scientifique, la phytothérapie moderne tient compte des mécanismes de synergie des différents constituants d’une même plante et des plantes entre elles, ainsi que des réactions physiologiques cliniques qu’elles provoquent sur un individu donné.
Il s’avère donc que cette médecine douce par les plantes et les compléments alimentaires devient de moins en moins alternative et de plus en plus indispensable. Sans oublier bien sûr que tout ceci ne remplace pas une consultation médicale.
GEMMOTHERAPIE – LA MÉDECINE DES BOURGEONS
La gemmothérapie, encore appelée « médecine des bourgeons » est une branche de la phytothérapie. Elle s’en distingue néanmoins par l’usage, non plus d’un élément de la plante adulte (feuille, écorce, tige, racine, fleur), mais de sa partie embryonnaire (bourgeon, jeunes pousses, radicelles).
Depuis la naissance de la gemmothérapie dans les années 1950, suite aux travaux des docteurs Henry et Tétau qui ont permis de montrer que l’utilisation du bourgeon, de la jeune feuille ou des radicelles permettait d’obtenir des thérapeutiques plus actives, il n’est donc nul besoin de prescrire à des doses massives. Elle se présente ainsi comme une thérapie ayant des similitudes avec la phytothérapie classique, mais avec une activité accrue par rapport à cette dernière et une méthode de traitement des extraits végétaux différente. Il est intéressant de noter que les prémices de la gemmothérapie sont observées au Moyen-Âge à travers Saint Hildegarde qui conseillait 8 bourgeons d’arbres dans son ouvrage « le livre des subtilités des créatures divines » qui faisait également référence à la bave d’escargot. (Voir : La bave d’escargot en thérapeutique.)
La période de récolte, de façon générale, s’étend de fin février au mois de juillet suivant les espèces. Les récolteurs sont chargés de surveiller le développement de l’espèce qu’ils vont récolter afin de prélever la matière première dans les meilleures conditions. Lorsque le jour de la récolte est arrivé, les ramasseurs se réunissent dans les plus brefs délais dans la zone de récolte choisie et validée par un organisme certificateur pour l’obtention du label Agriculture Biologique. De façon générale, il s’agit de sites sauvages.
En botanique, on désigne sous le nom de « bourgeon » l’organe végétal écailleux ou non situé à l’extrémité des tiges (bourgeon apical ou terminal), à l’aisselle des feuilles (bourgeon axillaire) ou en dehors des points végétatifs (bourgeon adventif) qui assure le développement des tiges et des rameaux végétatifs, avec leurs feuilles. La gemmothérapie utilise indifféremment les bourgeons végétatifs et les bourgeons floraux.
On peut dégager une composition des hormones de croissance végétale qui regroupe plusieurs molécules communes à tous les bourgeons :
- Les auxines, qui ont un rôle essentiel dans la régulation de la croissance de la plante en favorisant la croissance en longueur.
- Les cytokinines ; puissantes hormones de croissance végétale, elles sont indispensables à la division des cellules en stimulant la croissance et le métabolisme des jeunes pousses. Elles induisent la division cellulaire tout en prolongeant la vie des feuilles et la production de chlorophylle.
- Les gibbérellines ; contribuent à l’épanouissement des bourgeons et provoquent la croissance des bourgeons terminaux. Elles contribuent aussi au déclenchement de la germination des graines. En outre, elles stimulent la floraison, agissent sur la différenciation sexuelle et ralentissent le mûrissement de certains fruits.
Le ramassage doit respecter certaines règles : pour le repos de l’arbre, la cueillette sur un même arbre s’effectue tous les 3 ans. Pour le respect du développement de l’arbre, seulement 1/3 des bourgeons est récolté. Les bourgeons étant très fragiles, ils doivent être cueillis et manipulés avec précaution. Les végétaux ne subissent aucun transport ou stockage après la récolte. Ils sont mis en macération sur le lieu de cueillette dans des bonbonnes en verre. Il s’en suit une longue macération d’une trentaine de jours avec agitation régulière de la préparation.
Cette maturation à température ambiante est suivie d’une décantation, d’un pressage des végétaux résiduels et d’une filtration de l’extrait obtenu. Nos préparations sont ensuite stockées en bonbonnes de verre à l’abri de la lumière dans un local tempéré.
C’est le docteur Pol Henry qui développa une méthode de traitement par les bourgeons frais. Il savait que le tissu arboricole recèle en son sein des trésors de santé. La partie la plus active ne pouvait être que le bourgeon, riche de toutes les potentialités futures du végétal, quintessence parmi l’essence.
Des études analytiques et pharmacologiques ont apporté des preuves scientifiques face aux débouchés thérapeutiques prometteurs de la gemmothérapie. Des recherches scientifiques ont commencé dès les années 1950 et se poursuivent encore aujourd’hui.
Ces recherches ont abouti à la mise en évidence des propriétés pharmacologiques des principaux macéras afin de démontrer le bien-fondé de la gemmothérapie. Ces recherches ont également montré la spécificité de la composition et de l’activité du bourgeon par rapport à la plante pleinement épanouie. (source : M. Tétau et P. Dorfman « Recherche scientifique et gemmothérapie » Mars 1996)